Étonnant, l'esprit humain, lorsqu'il cherche à trouver et que sa recherche comporte l'interdit de trouver. Interdit pour des raisons affectives, idéologiques ou sociales. J’y pense en écoutant des auteurs, journalistes, enquêteurs qui cherchent passionnément ce qui a fait partir ces jeunes de France pour le djihad en Irak et en Syrie; ces jeunes musulmans, qui ont parmi eux quelques convertis, laissent leurs parents sidérés, leur entourage étonné. Ce n'étaient pas des jeunes à la dérive ou dans la misère comme tiennent à l'affirmer des analyses qui aimeraient bien « relier tout ça » à l'exploitation de classe, au colonialisme, à l'impérialisme, à tout ce qui peut nourrir la culpabilité forcée, celle qu'on doit afficher pour avoir une hauteur éthique.
Tant d’ignorance et de contorsions pour ne pas voir que ces jeunes s'introduisent au Texte coranique qui comporte de la violence et du calme tout comme une forteresse comporte des canons sur ses murailles et de grandes salles à manger à l’intérieur. Le Texte a dans sa trame des nœuds cruciaux touchant les autres, ceux qui résistent au vrai islam, ces autres étant les juifs, les chrétiens. (Par extension, on vise les mauvais musulmans, mais l’extension est tardive, car si on écarte les « païens » de l’époque, le Coran s'attaque surtout aux juifs et aux chrétiens ; ce qui correspond aujourd'hui à Israël et l'Occident).
Telle est la réponse : ils y vont car c'est dans le texte dont ils exaltent l'idéologie, non sans raison puisqu'elle les porte, elle les soutient, elle leur donne un idéal qui permet d'écraser les petits idéaux ambiants. Mais cette réponse, il ne faut pas la trouver, car elle entamerait l'image qu'on veut donner de l'islam, (paix, amour…), qu'on veut feindre de donner, car ceux qui organisent ce maquillage savent de quoi il retourne; c'est ce qui justifie le maquillage et le déni. Et plus on nie le problème, plus il persiste car il attend d'autres réponses, qu’on ne pourra pas lui donner puisqu'on fait tout pour le masquer.
Tout discours social comporte une part d'hypocrisie, nécessaire à la survie quotidienne. Mais ces temps-ci le discours convenu bat les records de l'hypocrisie, car la réalité ne cesse de le démentir, et l'on a beau se tordre pour la comprendre dans le bon sens, pour la ramener à son « vrai » cadre, elle insiste, elle déborde, et ça en devient presque drôle.
En tout cas cela mérite analyse, et c'est l'objet de mes deux livres : Islam, phobie, culpabilité et Le grand malentendu Islam, Israël, Occident (qui paraît le 25 février 2015)
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