Je l'ai dit, cette fête commémore l'idée que le destin peut faire une grâce énorme, radicale, existentielle, comme celle qu'il fit (dans cette histoire) à tout un peuple qui risquait l'effacement et qui soudain fut sauvé; par cette grâce, où se conjoignent hasards et nécessités. (Voir Anatomie d'un miracle). D'où la coutume de se faire des cadeaux, pour se donner l'occasion de dire merci les uns aux autres, façon d'invoquer la grâce (gracia en espagnol donne aux pluriels gracias : merci; merced, dont le pluriel est mercedes…). C’est une façon de la rendre présente, de prononcer son signalement : merci, grâce, on a plus qu'il n'en faut.
Une autre façon de mettre en acte le fait que le jeu du destin a été et peut donc être favorable, c'est de jouer, lors de cette fête. Dans le monde ashkénaze, il y a les fameux pourim-spiels, pièces de théâtre, déguisements, jeux dans le genre carnavalesque (il se peut même que la tradition du carnaval en Europe, donc au Brésil, emprunte à ce trait de Pourim).
Dans le monde maghrébin, par exemple au Maroc, on jouait…aux cartes. Le jeu le plus simple où l'on sollicite le hasard pour l'espérer favorable. Peu importe qui gagne et qui perd, l'important est de jouer, d’être ému en guettant la chance. On jouait sérieusement, on se prêtait au jeu du hasard pour sentir l'instant où il serait bon, où il ferait signe, de grâce.
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