Votre article sur Bagneux, Le Monde du 5-6 mars, reproduit des propos bizarres de quelques jeunes "blacks". L'un d'eux refuse, ainsi que "ses camarades", "toute suspicion d'antisémitisme généralisé qui pèse dans nos quartiers". Cet homme qui, bien sûr, dénonce l'amalgame, en fait un de taille, car que veut dire antisémitisme "généralisé"? que tout le monde est antisémite? Donc, au nom du fait que pas tout le monde l'est, on nous dit qu'il n'y en a pas; puisque le même ajoute qu'il a été à la manif pour Ilan Halimi, dix minutes: et "quand j'ai entendu : "On a tué Ilan parce qu'il était juif", j'ai dit non." Or le fait qu'on s'en prenne à un homme en tant que Juif parce que les Juifs ont de l'argent et qu'ils se tiennent tous fait de ce meurtre un acte antijuif, "antisémite" comme on dit improprement. En outre le traitement d'Ilan fut spécialement haineux; ces jeunes avaient une jouissance antijuive à écluser.
Bien sûr, elle n'est pas "généralisée", mais elle est présente, réelle.
Autre perle d'un autre jeune: "Si c'était un Arabe ou un Noir, personne n'aurait bougé". D'abord, il arrive que ça bouge: quand une jeune fille a été tuée par les siens pour inconduite au regard de la charia, cela a créé de l'émotion, il s'en est suivi la naissance de "Ni pute ni soumise", ce qui n'est pas rien. En outre, "si un Arabe ou un Noir est tué", est-ce aux Juifs d'appeler à une manif? Ils s'y rendraient, si les "Arabes ou Noirs" y appelaient, mais ils n'y appellent pas. (Au fait, pourquoi?)
Un autre jeune ajoute: "Quand on dit qu'un musulman est un poseur de bombe, ce n'est pas grave. Quand on dit qu'un Juif a de l'argent c'est de l'antisémitisme. Ça me gêne". Là, il y a faute de logique, et faute d'observation: personne ne dit "un musulman est un poseur de bombe", ce qui se dit c'est plutôt: "les poseurs de bombe sont musulmans". A la rigueur, on ajoute: "et les autres, qui bien sûr ne le sont pas, ne combattent pas vraiment les poseurs en question". De même, on ne dit pas: "un Juif a de l'argent", on dit: "les Juifs ont de l'argent". Et si, comme dit un autre jeune qui bien sûr dénonce "les clichés", cet "amalgame juif = argent" fait "rire les gens", il sert aussi à les enlever pour les tuer, ou à les dénoncer depuis des siècles comme accapareurs de richesses.
Autre perle d'un de ces jeunes: l'homme de Besançon qui "a été torturé et tué pour les mêmes raisons qu'Ilan. Est-ce un crime anti-blanc? anti-chrétien?" Là, l'erreur c'est: "pour les mêmes raisons qu'Ilan". A-t-on pris cet homme parce qu'étant Juif il a de l'argent et que les Juifs se tiennent entre eux? L'a-t-on rattaché par quelque fil que ce soit à un discours qui, depuis des siècles, vise les Juifs en tant que peuple parasite? Non. Ce jeune ajoute: "La France a une dette morale envers les Juifs car elle les a vendus pendant la Guerre". Même cela est faux, elle ne les a pas vendus, elle les a donnés, livrés. (Sauf quand des Français les ont cachés…)
Donc, ces jeunes que vous faites parler ne semblent pas très doués. C'est pourtant eux, qui, selon l'article, donnent le ton de toute une ville, puisque vous titrez: A Bagneux: "On a peur de prononcer le mot "juif"". Peur? On dirait que là le déni rejoint la vérité: judéophobie?... Mais non, bien sûr.
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