Tout comme le retrait de Sharon, les élections en Israël ne changent rien: l'Etat hébreu va poursuivre l'érection de la "barrière" et s'installer en deçà, chez lui, tranquille, à quelques éclats près derrière leur mur. Il pourra plus à loisir se regarder du dedans, et voir par exemple que la pauvreté s'est accrue, que le moral n'est pas "au top"… D'aucuns diraient qu'"on aura occupé "les territoires" pour pas grand-chose". Ils auraient tort; c'est grâce à cette occupation, suite à la guerre défensive de 67, qu'Israël a déplacé l'enjeu arabe le concernant: avant, on voulait effacer l'Etat hébreu, maintenant, on envisage la paix en échange des territoires; seuls les arabes fondamentalistes maintiendront le projet d'effacement, puisqu'il est le plus conforme aux textes fondamentaux.
Mais le tic judéo-israélien c'est de dire du mal de soi, et ça fonctionne: je viens de lire un article de Amos Oz où il trouve "triste" le "désengagement unilatéral" d'Israël. Or la politique, surtout là-bas, n'est pas faite pour être gaie, encore moins "délicieuse". Mais lui demande qu'Israël négocie avec la Ligue arabe puisque c'est impossible avec le Hamas. Avec un bel argument de romancier: "Quand on ne peut pas résoudre un conflit avec le caïd du coin, on peut essayer de parler à ses parents ou à son frère aîné". C'est ne pas voir qu'il y a, dans cette vaste famille, comme une division des tâches: les uns, les intégristes, "gardent" les fondements et les principes, qui sont violents; et les autres peuvent s'offrir un discours modéré mais ne sont nullement fâchés devant la force des intégristes - en l'occurrence le Hamas et l'Iran. Ils s'offrent même de les comprendre. C'est pourquoi, je ne crois pas que la Ligue arabe prendra le risque de faire la paix avec Israël si les Palestiniens, représentés par le Hamas, ne la font pas. Une telle paix ne rapporterait rien à ladite Ligue, mais la priverait, en revanche, d'un thème d'exaltation majeur: dénoncer l'Etat hébreu.