On n'entend plus parler du Hezbollah. Qui faut-il en remercier? En tout cas son effacement semble un effet de cette guerre terrible. Ces braves "combattants" (qui déclenchaient leurs rampes offensives avec retardement, le temps de courir se cacher, les fusées ensuite partant toutes seules…) ont-ils disparu ou simplement muté? Après avoir été la cause de tant de ruines, il est probable qu'ils sont devenus des bâtisseurs… (Et c'est un cycle navrant mais increvable: bâtir, exposer à la ruine, rebâtir, etc…)
Dans tout cela on négligeait un effet de langage pourtant très clair: on disait sans y penser: le Hezballah, le Parti de Dieu. Or ce n'est pas le parti de "Dieu", c'est le parti d'Allah. Ce n'est pas tout à fait la même chose car il y a une équivoque (que j'ai longuement analysée dans le livre Nom de Dieu): Allah se distingue du Dieu biblique en ceci qu'il maudit sans retour les Juifs et les Chrétiens, non pas comme individus (ils peuvent être des braves types) mais en tant que groupes entités, existences culturelles. Il pose qu'il faut les combattre sans réserve. Alors que le Dieu biblique, même quand il maudit "son" peuple pour inconduite, lui réaffirme son amour et l'espoir d'un retour… Sans parler de Jésus: lui, ne maudit que l'arbre qui n'a pas donné de fruits…
Donc ce n'est pas tout à fait le même Dieu, même si le Allah du Coran a beaucoup relu la Bible avant de dicter son Texte. Or l'ambiguïté vient de ce que Allah est aussi la traduction en arabe du mot Dieu. Allah a donc deux sens, deux valeurs, et l'on peut compter sur ses fanatiques pour ne pas dire duquel ils parlent. Le brouillage est de bonne guerre. Mais pourquoi les médias occidentaux, qui traduisent, ne disent pas simplement le parti d'Allah? Parce qu'ils ont de bons sentiments, et qu'ils veulent que tous soient frères. C'est pourquoi ils interdisent qu'on parle des différents, des divergences entre deux cultures; ce n'est pas "correct": on est tous pareils, c'est dit, et c'est bientôt fait.
Pourtant, quand les problèmes réels se posent, beaucoup sont un peu perdus. En témoigne ce dialogue qu'on me rapporte. Un parent d'élève maghrébin s'écrie: "Vous condamnez mon fils à ne pas manger de viande à l'école! –Il peut manger autre chose. –Mais pourquoi toute l'école ne mangerait pas de la viande halal? En quoi cela vous gênerait? Elle peut même coûter moins cher…" Là, la responsable bredouille un peu, puis se ressaisit: "On est une école laïque, on n'a pas à donner aux enfants une viande rituelle, préparée conformément aux principes d'une quelconque religion. –Eh bien votre laïcité, elle est un peu bornée. Il faudrait tenir compte de la nouvelle population, qui est française."
C'est une psychologue qui m'a rapporté cet échange. Pour plaisanter je l'ai questionnée: "Et vous ne mangeriez pas de la viande hallal? –Parce qu'elle est préparée au nom d'Allah et que c'est au nom du même Allah que l'on tue n'importe qui.
- Vous exagérez. Les Américains aussi, et les Israéliens "tuent n'importe qui" dans leurs guerres.
- Il faut faire une différence entre ceux qui jouissent de tuer n'importe qui, car c'est leur projet, ils le font sciemment, et ceux qui le font à contrecœur, dont ce n'est pas le projet; dont le projet est surtout de s'attaquer aux premiers.
J'étais impressionné. D'autant qu'elle a ajouté cette remarque: "Vous vous souvenez lorsque Le Pen avait parlé de détail à propos des chambres à gaz, il y a eu un tollé général, chacun voulait placer son indignation et poussait le voisin pour la dire plus à l'aise. Aujourd'hui, un chef d'Etat prépare une bombe nucléaire et proclame publiquement qu'il veut effacer l'Etat juif. Et je ne vois aucune levée de boucliers, je n'entends pas d'indignation, ni massive ni argumentée..."
Je n'ai pas eu de mal à lui donner la raison: le "détail" de Le Pen touchait à la culpabilité, celle d'avoir laissé faire les Camps de la mort; tandis que l'annonce de l'Iran frôle l'inquiétude, sentiment beaucoup plus faible. En revanche, si la Chose avait lieu, la Choa nucléaire, le remords qui la suivrait serait énorme, et on aurait une "profonde remise en question"…
Bravo Daniel. Mais le Hezbollah n'a pas disparu. Il vient même de faire reparler de lui en exigeant la démission du gouvernement libanais.
Marc
Rédigé par : Nacht | 12 septembre 2006 à 22:12
J'admire cette analyse concernant le Hezbollah et cela en effet éclaire d'avantage la vision de ce parti "d'Allah".
Merci pour vos articles...
pascal
Rédigé par : lahaye | 15 septembre 2006 à 19:03
"Aujourd'hui, un chef d'Etat prépare une bombe nucléaire et proclame publiquement qu'il veut effacer l'Etat juif. Et je ne vois aucune levée de boucliers, je n'entends pas d'indignation, ni massive ni argumentée"
Ahmadinejad n'a jamais appelé à l'extermination physique des juifs israeliens. Il a donné la solution au problème Israelo-Palestinien : si les juifs ont envie d'avoir un Etat pour se mettre à l'abri de la persecution, que les nations qui les ont le plus lésées leur donne des terres... qu'ils fassent leur Etat en Bavière, en Pologne ou en Russie, mais foutez la paix aux arabes.
Rédigé par : Etty | 20 octobre 2006 à 13:34
"Let us confront the obvious fact. President Ahmadinejad certainly said that Israel should be ‘wiped off the Map’. However, the president has never said that Jews as people should be murdered. He was clearly referring to Israel, the racist ‘Jew Only State’. This is a legitimate criticism as much as criticism of Apartheid South Africa was justifiable. But Ahmadinejad doesn’t stop there, he elaborates on the issue. Cleverly and rather reasonably, he challenges the West:
"If you (the West) have burned the Jews, why don't you give a piece of Europe, the United States, Canada or Alaska to Israel?… Our question is; if you have committed this huge crime, why should the innocent nation of Palestine pay for this crime?"
This is indeed a most appropriate question to be asked and yet, there is not a single hint that this man has any plans to annihilate the Jews or their State. If anything, Ahmadinejad does his best to find the Jews a new home. Clearly, the Zionist dream of a Jewish settlement in the Holy Land turned into a grave disaster. And it is Ahmadinejad who is already pointing out that the wanderers may have to Schlep again. May I suggest that a glimpse into the endless queue list of Israeli citizens who are now reclaiming Polish and other EU citizenship reveals that a growing number of Israelis already internalised the idea that Schlepping is probably the next phase of their Jewish existence.
The Real Axis of Evil
Reading Sheleg’s op-ed in Haaretz, one may wonder, “who exactly contemplates the liquidation of the Jewish State?” It is obviously clear that Iran plans to join the nuclear club. However, even if Iran intends upon developing an arsenal of deadly nuclear weapons, surely it won’t be the first in the region. It would just follow the Jewish State, a State that proved beyond doubt that the killing of innocent civilians happens to be its favourite practice. Thus, the Israeli as well as Zio-centric fear of Iranian nuclear aggression must be realised as nothing but projection. Since Israel is engaged on a daily basis in the killing of innocent civilians, Israelis and Zionists are doomed to interpret others’ behaviour as a murderous inclination.
This is indeed very sad but far from being unique. The case of America’s Cold War paranoia is not that different from the case of Israel. Since America was the first and so far, the only country to use the atomic bomb against other people, it was the Americans who were actually caught in a cold war Pre-TSD. They simply projected their collective murderous tendencies onto the Soviets. It goes without mentioning, that unlike the Americans, the ‘Communists’ have never dropped an atomic bomb on anyone nor it seems had they ever considered such an act. Somehow, it becomes clear that the more cruel one is, the more subjected to terror one is. Moreover, the more cruel practices a nation is engaged with, the more subjected to the politics of fear the nation would be. This simple formula may throw some light over the emerging bond between America and Israel. Applying some devious expansionist tactics, the two countries are sinking into dark deadly thought on the verge of collective paranoia. This collective paranoia maintains the hegemony of the one and only axis of evil around: i.e., Global Zionism and Neocons"
http://www.gilad.co.uk/html%20files/pre-tsd.html
Rédigé par : Etty | 20 octobre 2006 à 13:39