Nous avons assez décrit la tactique terroriste: elle est structurée par une logique de "prise d'otage", où l'attaquant s'arrange pour que l'autre, s'il riposte, soit toujours en tort, vu les pertes injustes qu'il inflige; on en oublie l'injustice fondamentale de l'attaque terroriste elle-même, sur des civils.
Voyons maintenant une tactique plus pacifique, telle qu'elle s'est illustrée dans l'affaire Redecker, ce "prof" de philo qui vit sous le coup d'une fatwa pour avoir tenu, sur Mahomet, des propos déplaisants.
Le plus frappant, c'est que la plupart des réactions qu'il y a eu témoignent du même balancement, tant elles se veulent équilibrées: il a eu tort, car ses propos sont injurieux, mais il faut défendre la liberté d'expression, mais pas n'importe laquelle, on ne va pas en faire un martyr, mais il ne faut pas se soumettre aux islamistes, mais…, mais…, mais. Le résultat de cette bouillie est éloquent: il ne faut pas critiquer l'islam quand on n'est pas musulman (et quand on l'est, il y a une marge très faible, elle est même nulle dans les pays musulmans). Cela s'est dit sur tous les tons: Qu'est-ce que vous cherchez? Qu'est-ce qu'il cherche, ce philosophe? Juste à faire de la peine? A provoquer? A jeter de l'huile sur le feu? On est tout de même à une époque où l'on a besoin de paix, de calme, etc. Il y a assez de "responsables" pour s'assourdir de ce refrain.