De tout temps, le bouclier a fait partie du guerrier, de son attirail de soldat; qu'il lance son javelot et se protège de l'adversaire, ou qu'il vire d'une position retranchée dans une "position", le mur qui le protège fait partie de son dispositif.
Mais les choses ont changé. Je viens de lire un article dans Le Monde[1] où l'on nous montre que le bouclier humain, c'est la partie pacifique du guerrier.
Celui-ci peut tirer des balles ou lancer des roquettes, si un groupe de femmes vient le couvrir pour qu'il échappe à l'ennemi, le groupe est un bouclier pacifique. Il permet aux "militants" d'aller tirer d'autres roquettes sur des civils, une fois sortis de la mosquée où ils s'étaient retranchés, à Beit Hanoun; la mosquée n'étant plus un assez bon bouclier. Le journal cite: "C'était une initiative pacifique, [le cortège des femmes appelées par la radio du Hamas pour couvrir ses hommes] je ne comprends toujours pas comment l'armée a pu ouvrir le feu. Ils n'ont aucun respect pour l'être humain". Si Tsahal avait vraiment ouvert le feu, ç'eût été un massacre; or il y a eu une victime. Une autre, blessée à la jambe, déclare: "Je savais que c'était dangereux mais je voulais défendre nos enfants". Lesquels "enfants", depuis quela Bande de Gaza est libérée, ne pensent qu'à tirer des roquettes sur Israël pour y rendre précaire l'existence quotidienne. S'ils y arrivent, c'est l'existence même d'Israël qui sera cassée; non pas au sens grandiloquent d'un Etat qui basculerait dans le néant, mais au sens plus simple d'un espace où l'on peut recevoir des "pierres" mortelles à tout moment. Ce ne serait plus un Etat libre, vivant et vivable, comme il l'est aujourd'hui.
Mais revenons au bouclier. Le Monde ajoute, pour son compte: "Profitant de la confusion, les militants se sont extraits de la mosquée… et se sont fondus dans la foule". Il reconnaît le rôle actif du bouclier. D'ailleurs, l'article est titré: "A Beit Hanoun, des Palestiniennes face aux chars".
Les médias qui décrivent ainsi les choses, ne sont pas antisémites ou malhonnêtes; ils prennent place, tout simplement, dans la tactique islamiste fondée sur une logique de prise d'otage (bouclier humain, explosif humain…), tactique qui consiste à faire des actes pacifiques (cortèges de femmes) ou anodins (des roquettes qui finalement font peu de victimes) et d'attendre la riposte, qui ne peut qu'être injuste, à cause du bouclier humain. Elle est brutale, comme des chars devant des femmes.
Des médias, en prenant place dans cette logique comme un rouage essentiel, (comme un bouclier pacifique…), contribuent à désigner les Juifs de là-bas, comme le fait l'homme cité, proche du Hamas: comme "des gens qui n'ont aucun respect pour l'être humain".
La question se pose pourtant: quand des médias, rationnels et sereins, prennent place dans cette logique perverse, est-ce qu'il leur reste une place, un écart, pour questionner leur position? Ou trouvent-ils plus commode de ne pas le faire et de décrire "simplement" ce qui se passe?
P.S. On parle souvent de l'existence d'Israël en termes de oui ou non; il existe ou il cesse d'exister... Or il peut exister sur un mode si insécure qu'il rejoindrait, par son mode d'être, les ghettos d'autrefois - en terre russe, polonaise ou arabe: quand on n'est tranquille que si l'entourage le veut bien.
Or c'est à ce niveau que l'existence d'un Etat juif faisait rupture radicale avec 25 siècles d'opprobre et de vindicte antijuive. Certes, l'existence de cet Etat sera menacée totalement si les chefs iraniens passent à l'acte leurs propos. Mais elle sera corrodée voire supprimée sur le plan du vécu effectif si ces tirs de roquettes se poursuivent malgré Tsahal.
Du coup, une autre question surgit: les responsables politiques et militaires de l'Etat juif mènent-t-ils vraiment la réflexion et les recherches nécessaires pour affronter cette menace, sachant qu'elle est enrobée dans une tactique de prise d'otage qui entraîne beaucoup de médias (même non malveillants)? Ou bien ces responsables se contentent-ils de courir après l'événement, au gré de leurs adversaires?
[1] 5/6 novembre 2006.
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