Le Pen et l'extermination des juifs.
J'apprends que le père Le Pen a lâché un nouveau pet : Bruel, ce sera pour la prochaine fournée. Cette expression de sa haine antijuive viscérale a d'emblée un sens évident : une peau de banane sous les pattes de sa fille, qu’il doit clairement jalouser pour son succès ; et qu'il veut forcer ainsi à ne pas oublier les fondamentaux. Ce petit mot qui fera parler tous les médias avec délice, est un acte manqué œdipien : ramener la fille dans le giron paternel.
Si l'on avait voulu payer quelqu'un pour déconsidérer le vote Front National, on n'aurait pas trouvé mieux que Jean-Marie Le Pen. Voilà qui permettra aux orateurs politiques de tous bords, désemparés par ce désaveu cinglant, de revenir à la charge pour sermonner les électeurs ; ils l'ont déjà fait sur un ton apitoyé et malheureux du genre : non, ne faites pas ça, bien sûr on est dans la crise, c'est le capitalisme féroce, mais ne jouez pas avec ça, c'est trop sérieux. Ça, c'est l'antisémitisme; vous le voyez ? Vous l’ entendez maintenant?
Peu de chances que les votants furieux qui ont donné ce camouflet se laissent réduire par ce chantage, car c'est le même qui a suscité leur vote, ou qui ne l'a pas empêché. Il faudra donc changer les ficelles et se creuser un peu plus la cervelle.
En attendant, on aura ce joli paradoxe : au nom de la lutte contre l'antisémitisme, des chefs de mouvements politiques, dont le credo est le soutien aux ennemis d’Israël, chez qui l'antisémitisme est à peu près aussi viscéral que chez Le Pen, travailleront contre le peuple juif. Tout comme on a vu que c'est au nom de l'antiracisme qu’on exprime le racisme.
L'histoire et la réalité sont admirables pour leurs complexités ; tant que ça ne nous revient pas en pleine figure, de droite ou de gauche, extrême ou pas.
Journalistes ignorants et partage de l’être
J'apprends qu'à la télé on nous dit que le pape François a reçu Mahmoud Abbas (avec une accolade, corps à corps) et Shimon Peres avec une poignée de main, et que les trois ont fait une prière pour la paix, chacun prélevant le texte de sa prière dans son livre fondateur ; Shimon Peres dans la Torah, le pape dans la Bible et Mahmoud Abbas dans le Coran. C'est ce qu'a dit la journaliste. Or le livre des juifs s'appelle la Bible, et il inclut la Torah, qui n'en est qu'une petite partie, les deux autres étant les Prophètes et les Ecrits ; la Bible chrétienne y a ajouté les Évangiles et les actes des apôtres ; cela ne réduit pas le livre des juifs à la Torah.
Moyennant cette petite rectification, qui rappelle le désir séculaire du monde chrétien le réduire le peuple juif à des maniaques d’un texte vielli et irréel.
Il n'y a aucun doute que chacun des trois trouvera dans son livre de quoi appeler la paix, de quoi appeler l’être à être pacifique ; que cet être soit un Etre suprême comme dans le Coran, ou une Trinité comme pour le pape, ou l’être comme potentiel des possibles qui se fait parlant, comme dans la Bible hébraïque.
Le fait qu'il n'y ait pas une seule prière correspond au nœud du problème : difficulté de partager un héritage symbolique. La difficulté de partager la terre n'en est qu'une conséquence, presque secondaire, tant elle est facile à résoudre si le partage de l'origine, ou mieux, le partage de l’être faisait sens pour tous les protagonistes. En amont de ce partage de l’être, il y a la capacité de se sentir soi-même partagé, entre soi et soi ; ce n'est pas si simple, surtout quand on a pour idéologie, comme c'est le cas du Hamas, l'exigence de détruire l'autre, qui en effet a le tort d'être trop présent dans votre texte fondateur; et le tort encore plus grand d'avoir resurgi, en pleine réalité, au beau milieu du XXe siècle.
Commentaires